tag:blogger.com,1999:blog-78927446537869118352024-02-08T04:46:53.414+01:00BLOG OFFICIEL DE WARLOY-BAILLONToutes les vérités sur Warloy-Baillon !
La devise de cet espace dédié aux agitations de Warloy-Baillon : PAS DE CENSURE !Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.comBlogger49125tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-85521465808557450912014-01-10T12:16:00.000+01:002014-01-17T11:19:50.451+01:0049 - LA BRIQUE ET LE LIERRE<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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Je me suis vu sous des ombrages qui me sont chers, en un lieu oublié, connu de mon enfance seule. Et sous ces feuillages mouvants d'un été ancestral, des instants prestigieux de ma jeune existence se sont écoulés, paisibles et tendres. Cette terre en souvenance, cet éden humblement foulé par l'âge puéril, ce jardin de nostalgie, c'était un parc, celui d'un château.</div>
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Les frondaisons qui ondulaient sous la brise chaude rivalisaient de majesté, de gloire et de grandeur séculaire avec la façade claire du château. Je me souviens particulièrement de ses murs élevés, de ses fenêtres innombrables, de son aspect magistral et gracieux comme d'un paysage quotidien, familier, rassurant. Ces images m'envoûtent comme lorsqu'on retrouve, une fois adulte, une ambiance ensevelie dans la mémoire se rapportant aux heures innocentes de la vie.</div>
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Où me trouvais-je ? Qui étaient les hôtes de ce château ? Quel âge avait ma jeune âme ? Et ce château, était-ce, réellement un château ou bien un rêve, une fantasmagorie d'enfant ?</div>
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Plus tard j'ai retrouvé ces lieux perdus. J'ai goûté à plein coeur ces saveurs idylliques, j'ai senti le poids incomparable de la pierre érigée à glorieuse hauteur, j'ai eu chaud sous le souffle refroidi des passions d'antan, éteintes depuis un siècle. J'ai reconnu les verdures estivales apprises je ne sais où, je ne sais quand, et j'ai eu l'ivresse d'un jour, l'ivresse mélancolique. J'ai retrouvé mes chimères. C'était sous le règne de l'Amour, c'était au temps de l'indélébile illusion. La rencontre enchanteresse de la vigne vierge avec le vieux mur de briques rouges. Ce que l'on nomme communément : le lierre. Sur la pierre.</div>
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Un pan de mur ombragé par un bouquet de feuilles et quelques soupirs. Un pan de vie jamais effrité, toujours debout, dignement illustre, auguste, sans âge. Intact. Inébranlable.</div>
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<br /></div>
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Mais laissez-là mes briques, mes feuilles et mes larmes, aujourd'hui j'ai besoin d'être aimé pour une raison qui vaille, enfin : pour rien.</div>
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Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-82798831185260137952014-01-10T12:07:00.000+01:002014-01-17T11:19:39.878+01:0048 - LE MAUVAIS AUGURE<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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Mon ami le corbeau a une sale tête. Noir, laid et beau, il hante les terres basses en prince piteux qu'il est. Frère de la brume, il chante son hymne à la boue tandis que son bec canaille se plante dans le sillon. Voleur, menteur, mal vêtu, c'est un bohémien des airs. Son aile lugubre plaît au vagabond, et moi j'aime sa silhouette malhonnête au fond des champs.</div>
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Il frappe à ma fenêtre, l'oeil méchant. Je lui tends mon pain. Il vient me manger dans la main, ingrat, en me remerciant d'une écorchure. Héros mélancolique au profil anguleux, le corbeau peuple mes songes les plus blancs. Sa plainte ressemble à s'y méprendre au violon de la gargouille qu'il frôle en haut des cathédrales. Hôte des sommets -châteaux, clochers, tours d'ivoire- il côtoie aristocrates, bedeaux, sorcières, vieux hiboux.</div>
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Sa chair coriace fait de lui un éternel épargné, tandis que la tendre, la blanche palombe attire à elle seule les plombs de tous calibres, et fait même exhiber l'or des plus fins gourmets. Lui, n'encourt que moqueries, dédain, indifférence. Vous le verrez très honoré de ces froideurs. Mondain des bois, il raille, maudit, persifle... Cynique, hautain et inquiétant dans sa cape.</div>
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J'aime mon ami le corbeau. Comme moi, son souffle est rauque, il a de l'envergure et sa plume est trempée dans l'encre noire.<br />
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Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-3068848052898632152014-01-10T12:01:00.000+01:002014-01-17T11:19:31.976+01:0047 - Á CAYEUX-SUR-MER<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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C'est à Cayeux-sur-Mer, petite station balnéaire du nord de la France, que je découvris la mer.</div>
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C'est là que, enfant, j'eus un premier contact avec l'immensité. Certes je connaissais la voûte nocturne et aussi l'azur ensoleillé des jours de vacances radieux, mais les étoiles et les nuages sous lesquels je rêvais étaient encore trop abstraits, très loin de mes yeux puérils, tandis que le bruit des vagues était infiniment plus proche, mystérieux et familier, et l'écume qui bouillait entre mes mollets n'était point un songe inaccessible. La mer était là qui jetait mon corps sur le sable avec ses grandes claques glacées, ses rires salés, ses grondements terribles.</div>
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Jouant ainsi dans l'onde en furie et faisant face à l'horizon qui s'étendait à perte de vue, j'avais la sensation étrange de baigner dans l'infini.</div>
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Comme la réminiscence d'un éden perdu.</div>
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En plongeant dans l'océan, l'écho d'un univers sans borne résonnait en moi. J'étais le temps, j'étais Dieu, j'étais un enfant.</div>
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<br /></div>
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Cette sensation d'éternité ne m'était pas du tout étrangère. J'avais une dizaine d'années. Dix ans me séparaient de la source de ces "battements cosmiques". Du plus profond de mon être je le savais sans jamais l'avoir appris. Je m'étonnai de cette connaissance infuse. Un crabe suffisait cependant à détourner mon attention de cette sensation suprême. Je m'amusais à le suivre. Et le crabe entrait dans la Lumière, car c'était bien la Lumière que je voyais à la place de la lumière d'été.</div>
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Je me sentais à la fois extrêmement proche et à une distance incalculable de ce coeur invisible venu du bout de l'Univers qui se manifestait jusqu'à travers le sable sous mes pieds. Ignorant tout du monde, à dix ans je venais confusément d'avoir conscience de l'essentiel. Pour la première fois de ma jeune existence je me baignais dans la mer. Et la mer était pour moi l'épiderme de l'Univers, le premier degré vers un monde infini. Les nuées se mouvaient vivement dans l'atmosphère, le crabe roulait sous les vagues, les cris des mouettes se perdaient dans le ciel... J'ouvrais les yeux sur le monde. Pas les yeux du corps, ceux de l'âme.</div>
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Ce fut l'Éveil.</div>
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<b><span class="Apple-style-span" style="color: red;">VOIR LES DEUX VIDEOS :</span></b></div>
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<b><span class="Apple-style-span" style="color: red;"><br /></span></b><a href="http://www.dailymotion.com/video/x17nsa2_a-cayeux-sur-mer-raphael-zacharie-de-izarra_news"><span style="color: blue;">http://www.dailymotion.com/video/x17nsa2_a-cayeux-sur-mer-raphael-zacharie-de-izarra_news</span></a></div>
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<a href="http://www.dailymotion.com/video/xe3syz_a-cayeux-sur-mer-raphael-zacharie-d_webcam"><span class="Apple-style-span" style="color: blue;">http://www.dailymotion.com/video/xe3syz_a-cayeux-sur-mer-raphael-zacharie-d_webcam</span></a></div>
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Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-89543096376437416332014-01-10T11:53:00.000+01:002014-01-17T11:19:21.128+01:0046 - MÉDECIN DE CAMPAGNE<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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Le Docteur Berthier <i>(nom d'emprunt) </i>était un personnage étrange et fantasque. Avec sa personnalité écrasante, il dominait son petit monde d'une main ferme et peu scrupuleuse. De bizarres principes réglaient sa vie. Par exemple, lors de ses tournées médicales il mettait un point d'honneur à rouler dans une voiture couverte de crasse.</div>
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Aux jours les plus torrides de l'été il recevait ses patients en slip. </div>
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En toute simplicité. </div>
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Il accueillait en outre avec de bien curieux égards ses jolies patientes, se contentant d'engrosser les plus laides.</div>
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Dans le village il ne portait jamais secours aux accidentés de la route, reprochant aux habitants de ne l'appeler qu'en cas d'urgence, ce qui avait le don de le beaucoup contrarier. Et pendant qu'agonisaient les blessés à deux pas de son cabinet médical, lui cultivait paisiblement son jardin.</div>
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<br /></div>
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Le Docteur Berthier avait de drôles d'opinions qu'il défendait avec opiniâtreté. A destination de certains de ses confrères il envoyait régulièrement ses excréments par voie postale pour marquer sa désapprobation. Ou sa rancoeur. Ou sa présence. Ou sa qualité de coq dominant. Bref, les motifs semblaient assez minces pour justifier ses envies d'exprimer à ses confrères plus hauts placés que lui ses penchants scatophiles.</div>
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Il aimait particulièrement l'or qu'il assimilait avec délectation à l'excrément à cause de ses ressemblances de poids et de couleur avec la substance fécale. Il ne cachait nullement son étrange passion pour le métal jaune et la matière malodorante. Au contraire, doctement et avec une grande fierté il expliquait à qui ne voulait surtout pas l'entendre son amour immodéré pour l'or et l'excrément. Il racontait souvent une histoire invariable où l'or se mêlait glorieusement à l'excrément : l'air rêveur, il jurait par tous les dieux qu'il eût plongé volontiers sa main jusqu'à l'épaule dans un grand sceau de merde s'il avait pu miraculeusement y ramener à la surface des pièces d'or ! L'or et la merde : ses deux plus chers fantasmes réunis dans cette histoire inlassablement répétée...</div>
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<br /></div>
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Avec sagesse il fertilisait d'ailleurs régulièrement son jardin de ses propres déjections. Un sceau d'excréments rempli à ras bord dans chaque main, il s'adonnait avec ferveur à son sport potager favori en répétant cent fois entre chaque sillon qu'il avait raté sa vocation, qu'au lieu d'être médecin il eût préféré être vidangeur...</div>
</div>
Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-69050471851733078992014-01-10T11:50:00.001+01:002014-01-17T11:19:11.591+01:0045 - LA HAUTEUR DU MONDE<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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L'aube qui se propage éclaire les nues, irradiant le monde d'un éclat argenté. Un nouvel astre se lève à l'horizon. Je monte vers les lueurs bleues, empruntant une voie blanche le long de laquelle tournoient des papillons. Dans cet espace limpide je remarque que des cailloux étincellent au bord du chemin. La lumière devient plus chaude, et je reconnais le soleil en face de moi. Il commence à m'éblouir. Je me retourne. Derrière moi, la mer. Un océan lumineux. Avec toujours ce ciel comme un cristal pur.</div>
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<br /></div>
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Des milliards de créatures, animaux, plantes, êtres divers et multiformes, d'apparences étranges ou familières habitent cet univers. Certaines se côtoient sans dommage, invisibles mais réelles, présentes telles des pensées dans l'air. D'autres s'ignorent de bonne foi, soupçonnant toutefois leur mutuelle existence.</div>
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Je continue de monter. Au point culminant de mon ascension, des rayons de lumière de teintes différentes me traversent et j'accède à un état de conscience fulgurant : je deviens une écume aérienne composée de particules infinies aux couleurs inconnues, une ébullition éthéréenne, un éclair à l'état pur. Je suis à la fois brin d'herbe et étoile, brasier et coquillage, entre cosmos et atmosphère familière : un sentiment de grandiose et de simplicité, d'infini et de proximité, de mystère et de connu. Progressivement je redescends, me réaccoutumant aux choses que je viens de quitter plus bas, comme si je me rassemblais, me recomposais après un éclatement parfait de mon être à l'échelle de l'Univers.</div>
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<br /></div>
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Suis-je mort ? Sous le souffle de quel dieu de l'Olympe suis-je apparu en ces lieux ? Suis-je né de cette lumière qui m'inonde ? Ce monde est-il l'antichambre des âmes prêtes à être incarnées ? Vais-je apparaître en des lieux inconnus et lointains, sous une forme prodigieuse ? Impossible à savoir, tant le soleil, le chemin, les cailloux, les papillons sont présents autour de moi comme des réalités intimes et éternelles.</div>
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Où me suis-je donc égaré, là où le temps n'a plus d'emprise, où des lois improbables, éblouissantes régissent les choses ?</div>
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<br /></div>
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Je suis parti dans un fabuleux voyage.</div>
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Le soleil au-dessus de moi est en fait une lune qui luit dans une nuit d'été. Les cailloux aux allures de diamants ne sont que de banales mottes de terre. Les papillons pourraient être ces chauves-souris qui chassent les insectes dehors. Moi, plongé dans un sommeil profond, presque mort, je poursuis mon long voyage. Un voyage à la fois ordinaire et magnifique, accessible et impénétrable.</div>
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Je voyage dans mon âme, emporté par les vents oniriques.<br />
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Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-59561013543967828842014-01-10T11:43:00.000+01:002014-01-17T11:19:01.236+01:0044 - MICHEL MONTAGNE<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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Le personnage le plus marquant de mon enfance passée dans le village de Warloy-Baillon, après le fameux docteur Maurice Mathis, fut un extravagant tambour superbement nommé “Michel Montagne”.</div>
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Un Everest d’outrances, de drôleries, de grotesque et de comédie humaine à lui seul.</div>
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Ce qui au premier abord caractérisait ce zèbre se résumait à une pincée de poudre.</div>
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En effet, cet oiseau rare prisait. Chose, il est vrai, peu usuelle mais en soi assez anodine, pensera-t-on...</div>
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Sauf que sa façon de porter le tabac à sa narine était si étonnante, si répugnante et si comique à la fois que chacune de ses inhalations était un véritable spectacle, certes répétitif, mais dont nul ne se lassait. Le voir se bourrer les orifices nasaux avec sa mauvaise herbe était un enchantement pour adultes et enfants, entre franc amusement et délicieux écoeurement.</div>
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Un pervers ravissement produit par ce curieux mélange de dégoût et de curiosité pour ce rituel simiesque que nous attendions avec avidité dans la famille.</div>
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Il plaçait d’abord une pointe de tabac sur son pouce. Puis dans un geste précis et fulgurant -mais réellement fulgurant- et dans une profonde inspiration il le projetait en direction d’une première narine.</div>
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Et là, frénétiquement, dès que le pouce chargé de tabac touchait l’ouverture nasale, à petits coups vifs et répétés, toujours à l’aide du pouce, il se mettait à le fourrer frénétiquement de sorte que la prise y pénétrât de force en dépit de la loi de la gravité car durant cette méticuleuse et foudroyante opération le tabac avait une fâcheuse tendance à retomber... Et aussitôt la dose tabagique logée dans l’organe, il répétait l’immonde cérémonial afin de combler la seconde narine.</div>
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Bref, le fait de priser sept à huit fois par heure s’accompagnait systématiquement de la chute d’une partie du tabac sur sa veste.</div>
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Si bien qu’en permanence il arborait un paletot maculé d’une accumulation de tabac ayant chu de son nez depuis des semaines... Voire des mois. Cette innommable langue brune et odoriférante barrant verticalement sa veste, partant du col et s’amenuisant vers le nombril, était indissociable de cet arlequin à la personnalité des plus singulières.</div>
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Mythomane sans talent mais hautement comique, nous faisions semblant de croire aux plus saugrenues de ses sornettes, aux plus savantes de ses fables, aux plus improbables de ses inventions et cela l’agréait au plus haut point, jubilant avec grande expansion, sans dissimuler le moins du monde son immense satisfaction de se croire cru, avec force rires et frottements de mains !</div>
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Il se voulait charmeur, flatteur, spirituel, il était clownesque. Il se croyait fin manipulateur, c’était lui la marionnette. Nous avions plaisir à le voir se réjouir à un point suprême en croyant nous berner. C’était à la fois cruel et aimable, odieux et puéril, plein de cynisme et de bienveillance, aussi bien de son côté que du nôtre.</div>
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Il avait des prétentions professionnelles hors de ses capacités intellectuelles, nous inventait un sort princier, un passé héroïque auprès des plus illustres acteurs de l’Histoire contemporaine, une femme de pouvoir, des enfants sortis de grandes écoles, un château à entretenir, des fréquentations dans les hautes sphères sociales, alors qu’il n’était qu’un pauvre hère, plus précisément un pensionnaire de l’hospice du village.</div>
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En prêtant une oreille charitable (et malicieuse mais sans lui montrer) à ses contes nous lui rendions service. A travers l’attention que nous les IZARRA accordions à ce phénomène, il pouvait donner corps à ses folies de grandeur. Nous étions tout à son écoute, divertis par ses histoires rocambolesques ponctuées par ses rituelles projections de tabac dans le nez et lui était heureux de se savoir pris au sérieux par le médecin du village et toute sa famille...</div>
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Devenu vieux, le volatile s’est définitivement envolé. Et en cette contrée sans retour, ultime et mystérieuse où notre homme est parti, ses rêves terrestres si souvent racontés sous le toit familial se sont peut-être réalisés sous je ne sais quelle forme subtile et extraordinaire...</div>
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Je ne vous oublierai jamais, sacré Michel Montagne, vous qui avez semé ces délectables graines d’orties blanches dans ma claire enfance.</div>
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<a href="http://www.dailymotion.com/video/x19hvkf_michel-montagne-raphael-zacharie-de-izarra_news"><span style="color: blue;">http://www.dailymotion.com/video/x19hvkf_michel-montagne-raphael-zacharie-de-izarra_news</span></a></div>
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Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-41011467408545401202014-01-10T10:34:00.000+01:002014-01-17T11:20:54.003+01:0043 - LILY<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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Dans mon enfance à Warloy-Baillon il y avait une naine nommée (ou surnommée ?) Lily. </div>
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Etrangement je ne sus jamais son nom de famille. Ou j’ai oublié. Mais je crois me souvenir, ironie du sort, qu’elle s’appelait Lily Lenain (ou Lenin). Sans en être vraiment certain... Bref, c’était une naine et elle était surtout connue dans le village pour cette unique raison.</div>
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Pendant la première période de l’âge puéril je fus à la même hauteur qu’elle, puis très vite, vers six ans, je la dépassais d’une tête si bien que je la considérais comme une enfant plus petite que moi. Je me souviens d’ailleurs que, dès lors que j’étais devenu plus haut que trois pommes, elle sollicitait mon aide avec soulagement pour poster son courrier, ne parvenant jamais à atteindre la boîte du bout de son seul mètre (et quelques centimètres).</div>
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Lily travaillait dans les fermes de la commune, adaptant l’ouvrage à son nanisme. Elle s’activait essentiellement l’hiver, se consacrant sans ménagement à la récolte et au conditionnement des endives, une spécialité agricole de cette partie de la Picardie. C‘était une travailleuse, une femme sérieuse, âpre à la tâche, endurante, bien qu’elle se montrât volontiers rieuse, avec un sens de l’humour marqué.</div>
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Je ne me posais jamais de question sur son existence, son passé, ses pensées, ses rêves, ses sentiments, pour moi elle faisait partie de l’environnement familier de mes années ingénues, elle avait toujours existé en tant que “vive tortue” trottinant dans les rues de Warloy-Baillon. C’était une vieille poupée bancale, une éternelle enfant par la taille, une vieillarde dans le regard, un grand silence quant à sa vie. </div>
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Jamais elle ne causait à propos d’elle-même, d’où elle venait, de sa famille, de son infortune, etc.</div>
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Si bien que je ne lui prêtais pas d’histoire, nulle jeunesse, point de parents, aucun drame ni bonheur intime. A mes yeux cette silhouette aux gestes de statuette et aux désirs modestes avait toujours été et serait toujours. Figée dans son invariable apparence et ne suscitant guère plus de curiosité ni le moindre questionnement. </div>
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Je la réduisais principalement à son nanisme, comme tous les gosses qu’amusent la vue des êtres débiles, boiteux, bossus. Cependant Lily manifestait assez de rires et de gentillesse autour d’elle, quoi qu’elle fût assez discrète, pour faire quelque peu oublier son infirmité. Aussi sa vue m’inspirait-elle à chaque fois bienveillance et franche amitié. Bien entendu je la tutoyais depuis toujours, en dépit du grand écart d’âge nous séparant.</div>
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Je la revois cheminer à petits pas brisés la rue menant chez elle, affable, bien élevée mais secrète. Pour ne pas dire fermée. Avec pudeur je crois. Ou par simple indifférence... Ou fierté. Comment savoir ?</div>
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Je suppose qu’elle n’est plus de ce monde à l’heure où j’écris ces lignes, à moins qu’elle ne soit centenaire... Toujours est-il que jamais je ne connus le lot de Lily. Mais je suppose que son sort fut pénible, ses peines lourdes à porter, ses joies humbles.</div>
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Un destin solitaire, difficile, cruel, pesant. Ou joyeux et épanoui peut-être, qu’en sais-je vraiment après tout ? Mais je crois qu’elle souffrit, sous sa continuelle réserve, d’avoir sans cesse dû lever les yeux vers ses semblables.</div>
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J’ignorerai à jamais ce qui existait par-delà cette image de “pantin cassé” traversant à petites enjambées les longs jours de mon enfance. Qui se souvient encore d’elle ? </div>
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Je l’imagine devenue soeur des géantes constellations, consolée de sa terrestre épreuve par d’immenses gerbes de lumière cosmique, voyant désormais tout en grand, jouant avec les étoiles telles des boules de Noël en compagnie des hôtes de l’Olympe avec qui elle partage une juste félicité et saluant comme toujours de bon coeur les astres qu’elle croise là-haut dans son ciel sans limite comme elle saluait les gens qu’elle croisait dans les rues de Warloy-Baillon.</div>
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<a href="http://www.dailymotion.com/video/x18ql4s_lily-raphael-zacharie-de-izarra_news"><span style="color: blue;">http://www.dailymotion.com/video/x18ql4s_lily-raphael-zacharie-de-izarra_news</span></a></div>
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Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-23217002724799810182009-02-22T19:37:00.006+01:002009-02-22T19:45:16.839+01:0042 - Quelques photos anciennes de notre village<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMwNyLRPb-Sb9cmdW9fEikYQ3Cl1ThaCWgSrkviMewzyT37YMmqFPKR3Fp8E1MhLexHEpH73vQSp3iqUYNvkipWeuxdcrRvr5p3oTPIBokNK-UrtxAg7ga1Yat59G0lG_zpHJMMlQMp78/s1600-h/WarloyBaillonLeFos.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5305694584419693442" style="WIDTH: 267px; CURSOR: hand; HEIGHT: 400px" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMwNyLRPb-Sb9cmdW9fEikYQ3Cl1ThaCWgSrkviMewzyT37YMmqFPKR3Fp8E1MhLexHEpH73vQSp3iqUYNvkipWeuxdcrRvr5p3oTPIBokNK-UrtxAg7ga1Yat59G0lG_zpHJMMlQMp78/s400/WarloyBaillonLeFos.jpg" border="0" /></a><br /><div><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhu6TjQIGQzeFBVGEFl99HiAnWLcmRtnrwO5d1jbx-K6YwM4PChb5cB-Fvu1wBhI_JZyDfU3xqKFzw0u_DTMet4Ytok3GHxVzj50atIhizocDXUsGvnUVFu-bNvebHW_sNrH6IDku0rez4/s1600-h/WarloyBaillonLHpital.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5305694508169408818" style="WIDTH: 400px; CURSOR: hand; HEIGHT: 263px" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhu6TjQIGQzeFBVGEFl99HiAnWLcmRtnrwO5d1jbx-K6YwM4PChb5cB-Fvu1wBhI_JZyDfU3xqKFzw0u_DTMet4Ytok3GHxVzj50atIhizocDXUsGvnUVFu-bNvebHW_sNrH6IDku0rez4/s400/WarloyBaillonLHpital.jpg" border="0" /></a><br /><div><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi039zwhT4oK70tT8emX0GUxIYQtbYWoo8hHaC5z4fQrEqv0cKzwiuM78zGpFRqRg6KK1CZ8Od4gTxMAf4r-XlmOPAIhKxUr8lcYbsPSj7RrruHv8fiG80r9c8cUtoiGlPUEdo-AcAjDv4/s1600-h/WarloyBaillonRuedH.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5305694254089971314" style="WIDTH: 400px; CURSOR: hand; HEIGHT: 269px" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi039zwhT4oK70tT8emX0GUxIYQtbYWoo8hHaC5z4fQrEqv0cKzwiuM78zGpFRqRg6KK1CZ8Od4gTxMAf4r-XlmOPAIhKxUr8lcYbsPSj7RrruHv8fiG80r9c8cUtoiGlPUEdo-AcAjDv4/s400/WarloyBaillonRuedH.jpg" border="0" /></a><br /><div><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiznJ4PIzJXW1Hb-SOrAJmyCaePXKxAOtGRTRLf_cD1WjzpHQP33SGcqObO7JL5wIm6Evz5AhbTsIHTOEVWsgbYjZlA1pjg7i2TnMDIRwwsrzQ0Iva24AhCoBUgU4sBRH4KQ0yi8K63_MQ/s1600-h/Warloy-Baillon-LaP.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5305694192758730114" style="WIDTH: 400px; CURSOR: hand; HEIGHT: 261px" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiznJ4PIzJXW1Hb-SOrAJmyCaePXKxAOtGRTRLf_cD1WjzpHQP33SGcqObO7JL5wIm6Evz5AhbTsIHTOEVWsgbYjZlA1pjg7i2TnMDIRwwsrzQ0Iva24AhCoBUgU4sBRH4KQ0yi8K63_MQ/s400/Warloy-Baillon-LaP.jpg" border="0" /></a> </div></div></div>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-61747649206916888032008-03-20T12:21:00.003+01:002009-01-31T13:41:24.784+01:0041 - Photo ancienne de Warloy-Baillon<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJDQ6eZ7D3VUIQEHDy0eBHGxz-NvfiMlMPUj9KWBjRH7k11TiXvQJMFco9Eo12KffWweYfvGsIDPolkDp_joB4kY0dgkvKPR2DwmUWACtWqYH9NfTNskcIvsa5jXKSh9k0fWnPiiHIPbQ/s1600-h/Warloy.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5179782952817239618" style="CURSOR: hand" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJDQ6eZ7D3VUIQEHDy0eBHGxz-NvfiMlMPUj9KWBjRH7k11TiXvQJMFco9Eo12KffWweYfvGsIDPolkDp_joB4kY0dgkvKPR2DwmUWACtWqYH9NfTNskcIvsa5jXKSh9k0fWnPiiHIPbQ/s400/Warloy.jpg" border="0" /></a><br /><span style="font-size:85%;color:#ff0000;"><strong><em>(Cliquez sur la photo pour la voir en grand format)</em></strong></span><br /><br /><strong><span style="color:#3333ff;">Photo : "Route d'Amiens"<em> (début XXième siècle)</em></span></strong>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-38182306405972723562008-03-20T11:28:00.008+01:002009-01-31T13:41:24.733+01:0040 - Photos-souvenirs de Warloy-Baillon<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfIYiepZLgksYYPsRIB5NuHQ2heBryuIeEwT1AIbEyEvitgY7Qe9r5xJlCyJ0fAu6onbey2ZvZeYB9AE3pW7SrYHO5Rm-_Y7rGMVRpxZ1lDavFSTBs-jX8rVZM_8P8Snd1gTc2RfhbUk4/s1600-h/Dave+2.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5179771798787171890" style="CURSOR: hand" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfIYiepZLgksYYPsRIB5NuHQ2heBryuIeEwT1AIbEyEvitgY7Qe9r5xJlCyJ0fAu6onbey2ZvZeYB9AE3pW7SrYHO5Rm-_Y7rGMVRpxZ1lDavFSTBs-jX8rVZM_8P8Snd1gTc2RfhbUk4/s400/Dave+2.jpg" border="0" /></a><br /><strong><span style="font-size:85%;"><em><span style="color:#ff0000;">(Cliquez sur l'image pour la voir en grand format)</span></em><br /></span></strong><br /><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEoHggQCADy21IWh7cVlVOmUkzYMKDGwy3nBLvZYolaM37VGmGS8q8USkJDMzjGouxDlLXC8avADFUWqEXO_JMN99GpJXKSbq7RAttCMvtHq2ohuMtrOdLQdEjO2fikHdfsS36KsldktE/s1600-h/DAVE.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5179769909001561634" style="CURSOR: hand" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEoHggQCADy21IWh7cVlVOmUkzYMKDGwy3nBLvZYolaM37VGmGS8q8USkJDMzjGouxDlLXC8avADFUWqEXO_JMN99GpJXKSbq7RAttCMvtHq2ohuMtrOdLQdEjO2fikHdfsS36KsldktE/s400/DAVE.jpg" border="0" /></a><br /><span style="font-family:arial;"><strong><em><span style="font-size:85%;color:#ff0000;">(Cliquez sur l'image pour la voir en grand format)</span></em></strong><br /></span><strong><em><span style="color:#ff0000;"><br /></span></em></strong><span style="color:#000099;"><span style="font-family:arial;color:#3333ff;"><strong>Photos : "L'abbé Dave"</strong></span></span><br /><span style="color:#000099;"><span style="font-family:arial;color:#3333ff;"><strong></strong></span></span><br /><span style="color:#000099;"><span style="font-family:arial;color:#000000;"><strong>Curé de Warloy-Baillon de 1951 jusqu'aux années 1980. Pour ceux, pas très anciens, qui se souviennent...</strong></span><br /><br /><br /></span><span style="color:#000099;"></span><span style="color:#000099;"></span>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-69573218057734742172008-03-19T22:51:00.005+01:002009-01-31T13:41:25.129+01:0039 - Curiosité historico-sociale sur les warloysiens...<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqb8V_IRynCk7pRGRExujXXRg7lwROEL3GyN6AMOrMgNeqa5mPzCU7xz2nldAKlyPztLHgzzgAqSMPP5dPxjg_C5ZDzmx6VpawkRllGuoeEkl5n7lkO2ycFUO0HTaXMu1N44_pmx37qXw/s1600-h/S1032608.JPG"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5179574097147569682" style="CURSOR: hand" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqb8V_IRynCk7pRGRExujXXRg7lwROEL3GyN6AMOrMgNeqa5mPzCU7xz2nldAKlyPztLHgzzgAqSMPP5dPxjg_C5ZDzmx6VpawkRllGuoeEkl5n7lkO2ycFUO0HTaXMu1N44_pmx37qXw/s400/S1032608.JPG" border="0" /></a><br /><strong><em><span style="font-family:arial;font-size:85%;color:#ff0000;">(Cliquez sur l'image pour la voir en grand format)</span></em></strong>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-9383385316934301592008-03-12T21:13:00.003+01:002009-01-31T13:41:25.120+01:0038 - Présence à Warloy-Baillon<div align="justify"><span style="font-family:arial;">Il erre dans le "chemin d'Harponville", aux abords de Warloy-Baillon... Il ne sait plus quand il est né. Au-dessus de lui, l'azur, les nuages, des trous immenses de clarté et d'ombre dans le ciel. En bas, le sol, la poussière, le bruit de ses propres pas dans les herbes sèches. Dans sa tête, des mirages, une idée vague de bonheur. Une flamme aussi. Un joyau mal défini. L'amour ? Le vent, peut-être... L'effet des éléments sur son âme insatisfaite, fébrile.<br /><br />L'amour, peut-être l'amour... Ou l'appel de la poésie. L'horizon, l'avenir, la mort. Comment savoir ? Il marche, ivre, le coeur tourmenté, la tête pleine de rêves étranges et suprêmes.<br /><br />A présent il presse le pas, hanté par ses feux. Et de plus en plus résolu, se dirige vers les brumes dans le lointain. Le vent autour de lui est comme un silence grandiose, une caresse descendue de ces hauteurs radieuses dont il a l'intuition. Perdu dans sa mélancolie, il ne sent pas la fatigue. Des ailes l'emportent, son regard doux et effaré plonge dans d'invisibles profondeurs. Il vole plus qu'il ne marche, insensible aux lourdeurs de la pesanteur.<br /><br />Une lumière l'attend.<br /><br />Lui aussi attend la lumière. Depuis toujours, depuis un instant, il ne sait plus. Il a tout oublié, sauf le goût de l'infini, la saveur de l'éther, l'appel de l'esprit, l'éclat de la beauté, la vérité de la poésie. Tout s'embrouille en lui, tout s'éclaire aussi. Il chemine, se hâte, monte, trébuche, se relève, reprend sa course folle. L'horizon s'efface, la lumière s'amplifie. L'image se précise.<br /><br />Il est mort, il est vivant, il est ici, il est là-bas, il est le ciel, les nuages, l'herbe, le vent, la poussière. Il se souvient maintenant. Devenu lumière lui-même, il irradie.<br /><br />Il est mort, enseveli depuis un siècle, vivant depuis mille ans, tombé en marchant, mort de douleur, rendu à la poussière, mort en solitaire avec un secret d'amour dans le coeur, un secret inachevé qu'il poursuit sans cesse depuis un siècle, depuis mille ans.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-56401028788022747042008-03-11T20:48:00.003+01:002009-01-31T13:41:25.112+01:0037 - Châtier les laides<div align="justify"></div><div align="justify"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYwnNIUBNaWcKK2_dMBbfg769fPiRINET6tqFxJ8hUoFeKYOe7kKghgotyEGMMrQRX-nRc65dqWciiHTAdf0YKPKpwrDmyX9_9vHKjVwkKbiR0LQCQCAACgNRsT4fUiSMF3viYDTXUqb4/s1600-h/mini_Une_femme_grotesque.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5176573717780858370" style="WIDTH: 267px; CURSOR: hand; HEIGHT: 393px" height="393" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYwnNIUBNaWcKK2_dMBbfg769fPiRINET6tqFxJ8hUoFeKYOe7kKghgotyEGMMrQRX-nRc65dqWciiHTAdf0YKPKpwrDmyX9_9vHKjVwkKbiR0LQCQCAACgNRsT4fUiSMF3viYDTXUqb4/s400/mini_Une_femme_grotesque.jpg" width="259" border="0" /></a> <span style="font-family:arial;"><br /><br /></span><span style="font-family:arial;">Un jour un interlocuteur de belle espèce me fit remarquer qu'un esthète digne de ce nom ne devait jamais s'abaisser à souffleter une femme, si sotte qu'elle fût, même originaire de Warloy-Baillon...</span></div><div align="justify"><br /><span style="font-family:arial;">Certes. J'ajouterais que les femelles beautés, même les très méchantes, ont tous les droits et qu'en aucune façon ces créatures vénéneuses ne méritent de recevoir à la face le gant d'un sybarite, si haut perché sur son pommeau qu'il soit. Je ne conteste pas un instant cette remarquable vérité.<br /><br />Mais les laides, les filles de l'ombre, les non élues vouées à la déchéance esthétique, les femmes enfin qui n'ont pas eu l'heur de naître sous l'aile de Vénus, ont-elles donc aux yeux du bel esprit quelque prix ? Je ne pense pas. Les laides femmes ne sont-elles pas méchantes par définition ? Une femme laide ne peut être bonne. Et quand même elle serait bonne, comment sans beauté aucune pourrait-elle se faire aimer d'un homme de rang ?<br /><br />Et si la beauté qui s'allie à la corruption a encore quelque douceur, quelque éclat sous nos regards pleins de raffinement et d'indulgence, en revanche la laideur associée à la scélératesse ne mérite-elle pas notre plus profond mépris ainsi que les châtiments les plus sévères du simple fait que chez ces enfants de vipères nés de la fange rien ne pourra jamais nous séduire, nous les beaux sangs ?<br /><br />Je ne puis me résoudre à accorder à la laideur le moindre des droits octroyés aux descendantes d'Aphrodite. Ce serait faire offense au goût que de ne pas gifler le visage ingrat de celle qui voudrait usurper à la beauté sa couronne. Non, les laiderons ne méritent pas notre pardon. Leur existence-même en ce monde formant une permanente injure à la beauté, aucune pitié ne doit amoindrir leur douleur d'être ce qu'elles sont.<br /><br />Les belles femmes, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, stupides ou brillantes pourront toujours arguer de cette cause supérieure qui les caractérise, la beauté, pour se faire pardonner leurs défauts. Ce qui ne sera jamais le cas des laides.<br /><br />Cet ultime argument qui ne fait qu'exacerber leur disgrâce légitime définitivement les soufflets qu'avec morgue et cruauté nous leur destinons.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-57777889180379993002008-03-11T20:25:00.007+01:002009-01-31T13:41:24.902+01:0036 - La tendresse<div align="justify"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiueGXToIrh8WsfIel7ZATinoEImWgVauqKZYKlpwS3xh3EBchWi7pKcWBHV14VNxwlCJ8NgfPxul6vKqBdNNOpIHyJvLPq6fupkFgYqmCjyaqs3zJMFVALmmSZQAoOKCM1o87xreSZn4c/s1600-h/montesquiou.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5176568980431930866" style="CURSOR: hand" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiueGXToIrh8WsfIel7ZATinoEImWgVauqKZYKlpwS3xh3EBchWi7pKcWBHV14VNxwlCJ8NgfPxul6vKqBdNNOpIHyJvLPq6fupkFgYqmCjyaqs3zJMFVALmmSZQAoOKCM1o87xreSZn4c/s400/montesquiou.jpg" border="0" /></a><br /><br /><span style="font-family:arial;">La tendresse, ce ne sont pas ces niaiseries si souvent évoquées.<br /><br />La tendresse, la vraie, la mâle, virile, mûre tendresse, c'est la gifle hautaine du sybarite contre la joue de la gueuse sur qui dans un magnifique élan de charité mêlée de pitié il daigne se pencher, loin des us mièvres qu'adoptent les âmes amollies.<br /><br />La gifle du dandy réveille l'indigente qui la reçoit, elle sonne comme l'airain dans l'air frais du matin, claque comme un drapeau après la bataille, vivifie le sang, cingle le coeur léthargique. C'est un grand honneur pour une femelle que d'être méprisée avec tendresse par un seigneur. C'est une grande élévation pour le seigneur que de condescendre à abaisser le regard sur la misère (l'état de féminilité étant en lui-même une misère, une déchéance naturelle), de la rudoyer pour mieux s'en repaître quand, ainsi malmenée, elle prend conscience de sa petitesse, pitoyable.<br /><br />Le maître, lorsque l'objet de ses attentions se fait soudain vermine, étend sa main magnanime jusqu'à la joue déchue et frappe, anéantissant d'un seul revers de la main toute prétention à la fierté, à l'amour propre, qui seraient une offense au principe-même de tendresse.<br /><br />Car la vraie tendresse c'est le renoncement de l'être faible face à son seigneur et maître, la totale soumission à sa cause. La tendresse, c'est l'abandon sans artifice de celle qui s'y adonne. Abandon de la déshéritée à son mâle souverain.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em><br /></span><br /><br /><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiueGXToIrh8WsfIel7ZATinoEImWgVauqKZYKlpwS3xh3EBchWi7pKcWBHV14VNxwlCJ8NgfPxul6vKqBdNNOpIHyJvLPq6fupkFgYqmCjyaqs3zJMFVALmmSZQAoOKCM1o87xreSZn4c/s1600-h/montesquiou.jpg"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiueGXToIrh8WsfIel7ZATinoEImWgVauqKZYKlpwS3xh3EBchWi7pKcWBHV14VNxwlCJ8NgfPxul6vKqBdNNOpIHyJvLPq6fupkFgYqmCjyaqs3zJMFVALmmSZQAoOKCM1o87xreSZn4c/s1600-h/montesquiou.jpg"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLp_k9EBZ1j2glOHxAUl2tByc5BuZ0G4frPYzTYz9ymPDUu-qlbd7qzPEb3I0ZqqWxFp6mw1r6xQVV4onZOG4uqJMmNG2q7QeVbCKpj_VX-sWPLn8SC4WYSiLkZX7Naeppoft9BgZu5VA/s1600-h/dandy.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5176568353366705634" style="CURSOR: hand" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLp_k9EBZ1j2glOHxAUl2tByc5BuZ0G4frPYzTYz9ymPDUu-qlbd7qzPEb3I0ZqqWxFp6mw1r6xQVV4onZOG4uqJMmNG2q7QeVbCKpj_VX-sWPLn8SC4WYSiLkZX7Naeppoft9BgZu5VA/s400/dandy.jpg" border="0" /></a><br /><br /><br /></div><p><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dywb1IhWI1A7wqmenWH81heZ8797x7TRpHZRscuL84Uyjz82VBP57TdEHTF0G0lzcU-I9h7fstX_pof1mXf_w' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></p><p><em><span style="font-size:85%;color:#ff0000;"><strong>(Cliquez sur le bouton "PLAY" de la vidéo)</strong></span></em></p><p> </p><p><strong><em><span style="font-size:85%;color:#ff0000;"></span></em></strong></p><p><span style="font-size:100%;color:#3333ff;"><strong>Vidéo : "L'esthète et la béotienne"</strong></span></p>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-43941578259738898702008-03-09T15:05:00.004+01:002009-01-31T13:41:24.894+01:0035 - Vue d'esthète<div align="justify"><span style="font-family:arial;">Par un dimanche triste, pluvieux, je suis entré dans l'église d'un village perdu du fin fond de la campagne picarde afin d’assister à la messe. L’église était pleine de bonnes gens du pays : casquettes rondes et tailleurs démodés de rigueur. Ca sentait la cire, la vieille province et le désuet.<br /><br />J’observais avec attention cette société de dévots endimanchés. Chose étonnante, parmi cette assistance grisonnante il y avait quelques jeunes filles à la mise moderne, colorée. Elles n’avaient pas vingt ans. Certaines étaient laides, d’autres charmantes. Je scrutais discrètement ces enfants de choeur en fleur. D’abord les rosières sans grâce, puis les jolies oies blanches. Sur ces dernières je m’attardais charitablement.<br /><br />Le contraste était saisissant entre ces dos courbés, ces nuques ridées, ces faces rougeaudes d’hommes et de femmes de la terre picarde, et ces créatures juvéniles aux mines délicates, aux galbes olympiens, aux gorges parisiennes. Je me perdais dans la contemplation de ces chairs esthétiques, de ces traits aériens, de ces toilettes recherchées...<br /><br />Les ouailles entonnèrent un chant, guidées par un orgue solennel. L’instrument en question, mi-orgue, mi-harmonium pour être honnête, semblait issu d’un XIXème siècle des plus rustiques. Les premières notes s’élevèrent... Le pire était à redouter.<br /><br />Le chant n’était point grossier.<br /><br />Surpris, je l’écoutai avec une sincère attention. L’on aurait pu s’attendre à quelque pesante, grasse, champêtre interprétation... La chorale était d’une étonnante qualité. Et le choix de l'œuvre, d'un goût sûr.<br /><br />Tout à l'écoute du chant de messe, je ne quittais pas des yeux les gracieuses pucelles, leur prêtant une attention grandissante au fur et à mesure que s’élevait le choeur. En esthète averti j’associais les émois, combinais les ravissements, mêlais les ivresses : j’étais enchanté par la vue de ces demoiselles parées de la Grâce, et dans le même temps transporté par l'hymne. Aux anges, corps et âme. Mon regard obliquait parfois vers la voûte aux peintures naïves, puis revenait vers ces vestales rurales propres à inspirer d’authentiques vocations parnassiennes.<br /><br />Cette fois le chant qui résonnait sous la voûte à la fresque écaillée était de toute beauté.<br /><br />C’était inattendu d’entendre ça dans cette église du fin fond de la Somme, déconcertant de s'apercevoir qu'un tel joyau pût naître de ces gorges agrestes, insolite de découvrir tant d'art chez ces éleveurs de bétail. Etonnant mais indéniable : le chant était splendide. Moment de grâce dans une semaine d’étables, de bistrots miteux et de cours de fermes aux odeurs de fumier.<br /><br />Pris sous le pieux sortilège des choristes, j'accédais à une autre dimension du monde, biblique. Tout était magnifié à travers le prisme de mon regard. Mon regard qui devenait insensiblement, progressivement comme le regard originel, le regard d’Adam et Eve d’avant le péché, ce regard vierge de préjugé, innocent, libre, ignorant des mondanités, du mal comme de la laideur...<br /><br />Sous l’effet de l’Art, l’esthète que je suis voyait la beauté partout où son regard se posait. Et mon regard avait fini par se poser indistinctement sur les élues de la Beauté comme sur les créatures franchement ingrates.<br /><br />Cependant, conquis par tant de causes diverses mais encore conditionné par d’académiques préjugés culturels, je préférais me concentrer sur les visages les plus flatteurs. Je contemplai ainsi quelque jeune et vierge soeur d’Aphrodite, irrésistiblement emporté par l’aile d’Euterpe ou de je ne sais quel messager céleste missionné pour sauver mon âme impie.<br /><br />Le chant redoubla d’ardeur.<br /><br />Et à ce moment précis les faces bovines s'affinèrent, des traits linéaux apparurent sur les visages : et je voyais des poètes à la place des paysans... Et je voyais des anges à la place des jeunes filles, qu'elles fussent belles ou laides...<br /><br />J'ai craint que le charme ne se rompe aussitôt le chant fini, aussi ai-je quitté l'église bien avant la fin de l'office.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div><br /><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dziacwtSSMPRwAirjI2RVZlgbWxLilviUS4u6npPU_lIpDy3qoQrnUHEsKB2wla7DEP8ZkMPxM2qnYG6yoaRg' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe><br /><span style="font-size:85%;"><strong><span style="color:#ff0000;"><em>(Cliquez sur le bouton "PLAY" de la vidéo)</em></span></strong></span><br /><span style="font-size:85%;"><strong><em><span style="color:#ff0000;"></span></em></strong><br /></span><span style="font-size:100%;color:#3333ff;"><strong>Vidéo : "L'oiseau du cloître"</strong></span>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-77890721044307208772008-03-09T12:31:00.014+01:002009-01-31T13:41:24.885+01:0034 - L'apparition<div align="justify"><span style="font-family:arial;">C'était aux abords de Warloy-Baillon, il y a longtemps. Elle traînait le pas au bord de l'onde, parmi les herbes hautes. Sa robe d'un autre temps glissait le long de son corps, je détournais le regard avant de m'enfuir, l'âme en feu, le coeur à vif. Chaque jour je revenais, toujours je me sauvais. Jusqu'au jour où je trouvai le courage de rester. Je l'épiai alors qu'elle entrait dans les flots. La créature s'ébattait devant moi, j'en tremblais. C'était la première fois. Depuis ma cachette je voyais sa chevelure ondoyer, son flanc émerger, sa gorge jouer dans le courant.<br /><br />Simple mortel, j'étais témoin de cette apparition qui devait me marquer pour la vie. Peu d'hommes croiraient à mon aventure. Mais elle était là, elle nageait, chantait, et moi, tétanisé, je l'observais. A moi le fils des hommes, à moi l'humble enfant de la Terre il était interdit de voir la baigneuse. Fasciné, tremblant, je bravais le tabou. Allais-je survivre à la profanation ? Je craignais de perdre la vue, la raison, la vie ou que sais-je ? Le péril était grand, mais n'en valait-il pas la peine ? Puis la crainte du courroux divin me gagna. J'en avais vu assez pour donner du prix à une existence entière, peupler toute une vie de songes radieux. Ou de cauchemars rédempteurs.<br /><br />Je m'éclipsai. Courant comme un fou, haletant, les larmes aux yeux, la fièvre au corps, je me sentais des ailes. J'étais le plus chanceux des hommes. Le plus malheureux aussi. A quel prix le Ciel allait-il me faire payer le sacrilège ? Je courais sans oser me retourner, comme si tous les dieux de l'Olympe étaient à mes trousses.<br /><br />J'avais vu.<br /><br />Au bord de la rivière j'avais surpris par hasard celle qu'il m'était interdit de voir, et au lieu de fuir et oublier, j'avais voulu connaître certain secret. Les jours suivants j'étais revenu la guetter, dissimulé dans l'ombre. J'avais osé violer l'intimité de la légende, entrer dans l'onirique tabernacle, regarder en face le Mystère.<br /><br />J'avais contemplé dans sa splendeur la fabuleuse, la mythique, l'hellénique Daphné.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span><br /><br /><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dyWKqK6LfPVoC-TFZ1Ukjd7T5SoUR17jekz_s7xnpHGDDt4Z-fqCrTtqlnH1_30LKGmCGg0eyn7L3_ku2okEg' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe><br /><span style="font-size:85%;color:#ff0000;"><em><strong>(Cliquez sur le bouton "PLAY" de la vidéo)</strong></em></span> </div><div align="justify"><br /><span style="font-size:100%;color:#3333ff;"><strong>Vidéo : "Le Rendez-vous"</strong></span><br /></div><em><span style="font-size:78%;color:#ff0000;"></span></em>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-45325994198217519722008-03-09T11:57:00.002+01:002009-01-31T13:41:25.103+01:0033 - Un réveillon réussi !<div align="justify"><span style="font-family:arial;">Ca s'apprête à réveillonner dur chez les Trivieux : dinde au marrons farcie aux truffes et bûche de Noël de rigueur. Ca fait tellement longtemps qu'ils attendent de fêter dignement cette sacrée naissance du petit Père Noël, il y a un peu plus de 2000 ans... Minuit moins cinq. Ils n'en peuvent plus chez les Trivieux : encore quelques minutes à attendre et ils vont pouvoir s'en "foutre plein la panse".<br /><br />Bientôt minuit... Patience, encore quelques instants... La télévision est allumée sur TF1 et pour l'occasion le son a été poussé très fort. La radio judicieusement posée sur le poste de télévision est également allumée : un des fils écoute les programmes lénifiants de RTL. Dans la pièce, une fumée dense faite de tabac <em>(tous le monde fume chez les Trivieux) </em>mêlé de relents de fritures fait aboyer puis vomir le gros berger allemand étalé en plein passage. Ambiance abrutissante convenant parfaitement aux Trivieux...<br /><br />Minuit !<br /><br />C'est la ruée : fébriles, les mâchoires commencent le marathon. Les ceintures sont desserrées. Les fourchettes s'entrechoquent, les bouteilles d'apéritifs tintent. C'est parti pour six heures de gueuleton non-stop !<br /><br />Le père montre l'exemple à sa progéniture. En guise d'entrée il attaque avec de bonnes grosses côtelettes de porc. Du porc cent pour cent pur porc. Du bon porc du pays des cochons qui décidément ressemble à sa petite tête de gros porcin dégénéré... S'adressant à ses deux fils déjà bouffis d'extase par le hors-d'oeuvre :<br /><br />- Allez-y les gars, mangez, y'en aura encore pour jusqu'au bout de la nuit ! Gavez-vous bien, c'est Noël aujourd'hui !<br /><br />Sa femme n'est pas en reste. Dans la cuisine s'amoncellent autour de la dinde et de la bûche d'autres plats d'agrément, dégoulinants de graisse. Depuis deux jours la ménagère s'affaire pour que cette année la nuit de Noël soit la plus mémorable possible.<br /><br />A même le goulot on s'abreuve à la seule source de vie connue sous ce toit : la bière en cannettes coule à flot <em>(achetée par packs de douze en promotion). </em>Chez les Trivieux, on ne fait pas de chichis !<br /><br />Quatre heures du matin. La dinde réduite à une carcasse informe gît par terre aux pied du berger allemand. Quelques cannettes renversées forment des auréoles immenses sur la nappe. On en est aux amuse-gueules avant d'attaquer la série de desserts puis la bûche finale. Les bedaines débordent de leurs chemises, les bouches suintent de plaisirs assouvis. Les haleines sont fortes, les rires sont gras, les manches sont relevées, la télévision jette des lumières bleues et oranges sur les visages. Ca sent la bière et le pastis, le tabac et le chien, et la radio qui grésille allumée à fond sur la télévision qui lui fait concurrence répand jusque dans la rue ses ritournelles publicitaires : pas de doute, c'est vraiment la fête chez les Trivieux !<br /><br />Six heures du matin. Les Trivieux pourront-il faire honneur à la tradition à l'heure sainte de la bûche ? C'est que l'alcool a déjà fait son oeuvre et pas mal de dégâts... Mais enfin, c'est pas tous les jours Noël, n'est-ce pas ? Aussi pardonnera-t-on aux Trivieux leurs excès. Ils ont bien droit à leur petite fête annuelle eux aussi, non ? Vraie famille de prolétaires endurcis, gros travailleurs n'ayant jamais chômé, les Trivieux sont de braves gens qui tiennent à fêter comme il se doit la naissance du "petit Père Noël dans l'étable de la Belle de Babel" aiment-ils à dire dans leur humble culture...<br /><br />En effet, les Trivieux peu portés sur la culture ne font guère la différence entre Bethléem et les publicités pour le fromage BabyBel ainsi que le dessin animé "la Belle au Bois dormant". Ils sont vraiment touchant les Trivieux ! Mais laissons-les à leur joie, retirons-nous sur la pointe des pieds et laissons-les continuer sans nous leur festin nocturne, même si c'est déjà le petit matin dans leur maison Phénix <em>(sise idéalement en la zone résidentielle de leur petite ville de banlieue)... </em>Chez les Trivieux, la bûche de Noël c'est sacré.<br /><br />Brave famille de français moyens, honnêtes gens de la France authentique, mangez, mangez et buvez jusqu'à satiété car c'est Noël aujourd'hui !<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-75550292380744886912008-03-09T11:55:00.002+01:002009-01-31T13:41:24.875+01:0032 - Repas entre amis<div align="justify"><span style="font-family:arial;">Je me promenais d'un pas oisif comme à l'accoutumée lorsque, pour une fois, je passai par hasard devant chez les Trivieux, la famille "bruyante" du village. Gens au grand coeur, simples et joviaux, à la culture limitée mais au sens de l'accueil développé, ils ne purent se retenir de m'inviter à venir partager leur repas. Comment aurais-je pu dire non ? Un refus de ma part, même courtois, eût été mal interprété par ces esprits certes généreux mais fort susceptibles, prompts aux représailles verbales, voire à la franche querelle . Et puis n'était-il pas l'heure de manger après tout ? Cela me changerait agréablement de mes habitudes aristocratiques, pensai-je. D'autant que cette invitation impromptue formait là une circonstance heureuse pour approcher cette famille indigente, l'occasion inespérée d'étudier de près cette espèce sociale singulière.<br /><br />Famille au sort maudit, rongée depuis des générations par des problèmes sociaux multiples, les Trivieux n'en étaient pas moins des gens honnêtes, travailleurs, serviables, débrouillards, très attachés à leurs trois gros bergers allemands, prêts à se saigner aux quatre veines pour eux, payant sans rechigner les meilleurs vétérinaires quand il le fallait, ne lésinant pas sur leur nourriture, abondante et de qualité. Certes leur réflexion ne dépassait pas la hauteur de leur friteuse électrique, mais au moins avais-je affaire à des êtres sans aucune malice intellectuelle. Ce qui pour mon esprit las des intrigues mondaines paraissait plutôt reposant. Du moins au premier abord.<br /><br />J'allais vite déchanter.<br /><br />Dès que je fus attablé, diverses vagues sonores et alimentaires m'assaillirent de toute parts : un énorme plat de frites entourées de gros morceaux de porc ruisselant de graisse m'attendait, le bruit de fond inaudible de la télévision poussée presque à fond se mêlait aux grésillement infâmes venant de la radio mal réglée posée elle-même sur le poste de télévision, des canettes de bière bon marché s'entrechoquaient sur la table tremblant sous le séisme familial, les bergers allemands surexcités par ma présence ajoutaient leurs aboiements au concert, donnant à la cacophonie une allure irréelle d'orchestre furieux, diabolique, assourdissant !<br /><br />Le tout dans une atmosphère enfumée absolument irrespirable formée par les brumes âcres du tabac et les vapeurs vives de la friture. A ce brouillard artificiel se mêlaient les odeurs tenaces d'huile rance et d'haleines de chiens. Étourdi, je ne savais où donner de la tête. Mes hôtes riaient de me voir si bien entouré, n'imaginant pas un seul instant ma terrible solitude...<br /><br />Les agressions feutrées de l'esprit que j'avais l'habitude d'affronter dans les boudoirs étaient remplacées ici par des agressions culinaires. Brutales. Les joutes verbales, ludique et élégante, si joliment cultivées dans les salons littéraires avaient fait place chez les Trivieux à l'offense au goût, pure et simple. Le choc fut à la mesure de ma curiosité. A la fois fasciné et terrifié par la situation, je décidai de donner le change pour me sortir au plus vite de l'impasse. Je goûtai aux frites du bout des lèvres, feignant affectionner cette nourriture grossière. Je ne pus cependant me résoudre à toucher à la viande de porc. Comment expliquer à mes hôtes en termes accessibles que j'avais proscrit de mon alimentation cette viande que j'estimais impure ?<br /><br />Dans un élan désespéré je me levai d'un bond à peine le repas commencé pour me précipiter vers la sortie en débitant mille excuses académiques et inintelligibles qui seules pouvaient m'absoudre aux yeux de mes hôtes, impressionnés qu'ils avaient toujours été par la langue châtiée qu'ils ne pratiquaient point mais qu'imbécilement ils respectaient, de la même façon qu'un ignare respecte naturellement le chapeau de l'érudit.<br /><br />C'est ainsi que je pus sortir sans trop de dommage de cette instructive mésaventure.<br /><br />Les Trivieux ne m'en ont jamais voulu d'avoir quitté si hâtivement leur table. Ils continuent à me saluer dans la rue, comme si rien ne s'était passé.<br /><br />Ils ont pris ma fuite pour une simple diarrhée passagère.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-28367357001681015492008-03-09T11:43:00.008+01:002009-01-31T13:41:24.866+01:0031 - Des grains de sable dans un songe<div align="justify"><span style="font-family:arial;">Dans l'infini imaginaire, j'ai des souvenirs de votre grâce féminine. Un coeur qui bat ne demande pas de compte au réel et n'a pas besoin de tangibles preuves d'une promenade amoureuse ou d'un sourire pour continuer à battre. L'idée seule de cette promenade, de ce sourire l'émeut.<br /><br />J'étais donc avec vous, perdu dans les dunes un peu en friches d'une plage que je crois connaître. Peut-être Fort Mahon, Cayeux-sur-Mer ou quelque part ailleurs dans leurs proches alentours... Nous étions sous un soleil vernal, en milieu de journée, et il semblait n'y avoir que nous parmi ces dunes. La réalité des choses se bornait à l'air, limpide, au sable et au soleil. La chaleur de l'astre était douce, agréable. Pourquoi voyais-je surtout vos pieds nus enfouis à demi dans le sable clair ? Je l'ignore. Je pressentais que vos pieds prenaient le parfum du sable, et cela me troublait étrangement.<br /><br />C'était comme si vous vous fondiez avec les dunes, en tout cas c'était une façon subtile et directe de vous mêler avec la mer toute proche. Je vous tendais la main, et des grains de sable se mêlaient à l'étreinte de nos doigts.<br /><br />Une nouvelle fois je pris conscience de l'odeur de ce sable, et en effet je me sentis immédiatement envahi par ces effluves aréneux. Et ne me dites pas que le sable n'a pas d'odeur ou si peu, car j'avais senti jusqu'à son essence : parfum régnant dans la profondeur enfouie du sable, prisonnier dans ses entrailles et que l'on sent furtivement quand on remue à proximité du visage des brassées entières de grains. Parfum évoquant les mystères de la matière faisant écho à ceux de l'âme.<br /><br />Nous marchions ainsi main dans la main sur les dunes, lentement. Parfois je m'arrêtais un instant pour mieux sentir le sable autour de mes chevilles, car j'étais pieds nus moi aussi. Et puis lorsque je rouvrais les yeux votre visage m'apparaissait, paisible sous le vent, parmi les dunes.<br /><br />Votre sourire à peine esquissé ressemblait aux tiges d'herbes croissant çà et là sur les dunes, ployant calmement dans l'air en mouvement. On ne voyait que ces dunes, et c'était rassurant parce que chacune d'elles était un exemple de singulière beauté, simple et sans prétention.<br /><br />C'était la beauté ordinaire de lignes suaves, minces, I'équilibre banal des formes avamment ordonnées par la nature. Une grâce tellement coutumière aux regards qu'elle n'atteint plus les sensibilités blasées. J'étais heureux de cette capacité d'émerveillement en moi, heureux de trouver dans ces dunes délaissées, négligées, une espèce d'éden temporel digne de nos pas mêlés. Le reste du monde nous oubliait avec les dunes, laissant mûrir au soleil mon amour pour vous à mesure de notre avancée sur le sable.<br /><br />Nous ne parlions pas, et nous n'entendions que le bruit de notre marche dans l'air, car même le vent se faisait oublier, intimement lié au décor. Vos yeux à demi ouverts parcouraient ce paysage de sable et d'herbes sans se fixer précisément en un endroit déterminé, et c'était comme une façon sereine de regarder le monde, sans heurt, globalement, car tout n'étaient que courbes molles et touffes d'herbes aérées. Rien ne brusquait l'attention, le paysage entier formant une unité tranquille dont nous étions le centre.<br /><br />Il n'y a pas de suite a notre promenade dans ces dunes. Je me suis perdu dans une contemplation qui a éparpillé mon âme dans l'air, la lumière et les grains de sable au nombre presque infini. Je suis devenu les dunes, les herbes, l'azur, les grains de sable entre vos orteils, dans vos cheveux, dans chacun de vos yeux.<br /><br />Je suis devenu ce paysage à la fois dérisoire et sublime d'une plage de dunes sous le soleil, avec vous au centre, les pieds parfumés de sable.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div><em></em><br /><br /><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dy8yduIB_bJ5KMFeaK0RZBpmKWWtMNPpZnuaQd7-QEGvgth5H70z7W5TFo4sFrnF-Li5XIPg3qYS8CVNIy-Xg' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe><br /><span style="font-size:85%;"><strong><span style="color:#ff0000;"><em>(Cliquez sur le bouton "PLAY" de la vidéo)</em></span></strong><br /><strong><em><span style="font-size:78%;color:#ff0000;"></span></em></strong></span><br /><span style="font-size:100%;color:#3333ff;"><strong>Vidéo : "Des étoiles dans l'herbe"</strong></span>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-57727554145161840692008-03-09T11:40:00.008+01:002009-01-31T13:41:24.910+01:0030 - Une valse dans des ruines industrielles<div align="justify"><span style="font-family:arial;"><em>(Romantisme en Picardie)</em><br /><br />Mademoiselle,<br /><br />Vous entrez dès maintenant dans l'univers intime de mes molles errances poétiques. Figurez-vous que je vous ai rêvée dans le Nord de la France, entre Amiens et Arras, peut-être un peu plus haut, un peu plus loin dans les brumes de ces terres oubliées.<br /><br />Dans cette rêverie nous étions vous et moi au bord d'un champ de démolition, égarés dans ce triste asile telles deux silhouettes surgies du brouillard, déambulant parmi des briques brisées éparses et quelques minces pans de mur qui avaient formé autrefois un complexe édifice, dans une grande, plate étendue sans nulle habitation, sous un ciel terne, morne, éteint.<br /><br />En fait il s'agissait d'une usine désaffectée datant de la fin du XIXème siècle, construite selon les règles de l'art de l'époque. C'étaient des ruines industrielles comme on en voit dans le nord du pays, faites essentiellement de briques et de friches. Nous cheminions paisiblement dans ce site déserté, côte à côte, confusément témoins du glorieux naufrage d'un passé que nous n'avions jamais connu.<br /><br />Tant de laideur, dans cette atmosphère onirique, devenait troublant. L'ancienne usine en briques était transfigurée par sa lente agonie, sa déchéance lui conférant un aspect de noblesse. Errant avec vous en ces lieux désolés, je sentais grandir en moi un puissant et étrange sentiment d'amour.<br /><br />Je stoppai le pas et, prenant votre main dans la mienne, je vous fis face. Mon regard triste se fit tendre sur votre visage. Je posai l'autre main contre votre hanche et, sans toutefois rapprocher plus mon corps du vôtre, je vous entraînai dans une danse improvisée. Sous une brise fraîche, au milieu des herbes folles et des murs de briques éboulés, insensiblement nous nous mîmes à valser. Bientôt pris dans ce tourbillon confidentiel et surnaturel, nous entrâmes en contact intime avec le décor mélancolique qui nous entourait.<br /><br />Au gré du vent qui tournoyait autour de nous, dévié au milieu de la plaine par les hauts murs encore debout de la vieille usine, vos cheveux blonds volaient, s'enroulaient comme des flammes vives dans l'air, avec des mèches qui tantôt s'agitaient dans votre cou découvert, tantôt dissimulaient à demi votre visage. Valsant maladroitement, nous trébuchions parfois contre les briques enfouies dans les herbes, et selon les caprices de nos pas de danse mal assurés, nous allions et venions parmi les ruines muettes.<br /><br />Puis, cessant le jeu, nous demeurâmes un instant immobiles debout dans l'herbe qui dissimulait nos chevilles. Pudique, je posai mon regard sur votre visage. Puis contre votre joue je passai la main. La brise se mit à battre doucement vos tempes et entre mes doigts s'emmêlèrent quelques mèches déliées de votre chevelure.<br /><br />Là, tout devînt étrangement beau : votre visage dans le vent, baigné dans cette pesante atmosphère prit sous mon regard des allures insolites... Vos cheveux étaient des vrilles sous le frisson d'Éole, des filaments impondérables qui fuyaient ma caresse. Vos yeux qui clignaient n'étaient plus que deux échos de la brume, répandant une grande mélancolie, et leurs pupilles vagues faisaient aimer passionnément la bruine. Votre sourire incertain renforçait l'ambiance irréelle de ce cloître sauvage, la propageait au-delà des briques qui gisaient dans les herbes, vestiges d'un monde révolu, au-delà des hauteurs éphémères des murs en sursis, témoins mornes de notre valse impromptue.<br /><br />J'entendais le vent, je le sentais jouer autour de vous, j'avais un peu froid, et vous Mademoiselle, vous deveniez belle et triste comme ces herbes, ces briques, ce champ de ruines.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div><div align="justify"><span style="font-family:arial;"><em></em><br /></div></span><p align="justify"><span style="font-family:arial;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dxOw4oec-XLmD1IiFPJ2KTkfRmMX1dGqJh543ZElapa7cWnMb4JqQ1DTRaZvu1tBmXwdAmoKlf7ZSIt4XHVJQ' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></span></p><p align="justify"><span style="font-family:arial;font-size:85%;color:#ff0000;"><em><strong>(Cliquez sur le bouton "PLAY" de la vidéo)</strong></em></span></p><p align="justify"></p><p align="justify"><span style="font-family:arial;font-size:100%;color:#3333ff;"><strong>Vidéo : "Les mouvements de l'âme"</strong></span></p>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-28084852013660999182008-03-09T11:39:00.003+01:002009-01-31T13:41:24.918+01:0029 - Le fantôme des bibliothèques<div align="justify"><span style="font-family:arial;"><strong><em>Dans maintes bibliothèques municipales françaises certains lecteurs tombent parfois, coincée entre les pages d'un vieux livre ou bien d'un ouvrage plus récent, sur une mystérieuse feuille volante bien connue des initiés... Pas un mois sans que quelque part dans le pays deux, voire trois, quatre de ces feuilles ne soient découvertes à l'intérieur de livres (et curieusement toujours à la page 100) les plus divers (littérature, science, poésie, guides pratiques). Nul ne sait qui les a placées là. Il semblerait même que ce mystère soit plus grand qu'on ne l'imagine car cette feuille fantôme apparaît également dans des livres rares mis sous scellés auxquels le public n'a pas accès. Certaines fois elle est apparemment neuve, propre et lisse comme si elle venait d'être glissée à l'instant dans le livre, d'autre fois elle est jaunie, craquelée, usée, visiblement centenaire... Le phénomène dure d'ailleurs depuis plus de 120 ans, la première feuille volante ayant été découverte en 1882 dans la bibliothèque municipale d'Amiens (Somme). Depuis, des milliers de ces feuilles volantes ont été trouvées dans les bibliothèques municipales à travers toute la France, jusqu'en Corse et même quelques-unes dans les DOM TOM ! Rares sont les bibliothécaires qui acceptent d'en parler. Sur ces feuilles on peut lire un texte, toujours le même depuis plus de 130 ans. Je vous le restitue fidèlement ici.</em></strong><br /><br />Je suis le passe-muraille livresque, l'alphabet mystérieux, l'araignée blanche des étagères de cette bibliothèque publique. Ombre ou flamme, je suis insaisissable. Silhouette impalpable ou brise textuelle, foudre imperceptible ou onde furtive, je me faufile entre les pages des livres pour les hanter avec ces mots. Le papier où je cours de lignes en lignes est ma demeure éternelle, et partout j'étends mes tentacules graphiques. Je suis rebelle mais inoffensif, intrusif mais respectueux. Omniprésent, je ne suis jamais malveillant. Je furète dans les profondeurs des bibliothèques sans nulle nuisance. Je suis facétieux et sans danger, espiègle et discret.<br /><br />A la fois éphémère et intemporel, fulgurant et persistant, volatile et impérissable, unique et multiple, mais surtout auto reproductible à l'infini, je prends définitivement possession des lieux littéraires. Mon destin à jamais est lié à vos lectures.<br /><br />L’esprit enfante l'esprit.<br /><br />Mon antenne est onirique, ma ligne calligraphique, ma présence romanesque.<br /><br />Je vis et je rêve, je plane et je fuse.<br /><br />L'auto génération de lettres à but didactique est le fait d'une pensée stéréoscopique émanant du processus de langage poétique de ce présent livre -asile temporaire où j’attends le lecteur- dont l’actuelle disposition (propice à la réception passive mais ouverte d’informations extérieures d’essence transcendante) rend potentiellement apte à supporter ce phénomène né d’un principe supérieur, actuelle disposition idéalement associée aux formes intelligentes non physiques et interagissant avec d'autres ouvrages placés à proximité immédiate de l’espace ainsi dominé. Les mots, phrases, textes complexes émis à partir des connexions de plusieurs lectures unifiées par voies polymorphes permettent en cet instant même l'émergence quasi spontanée, miraculeuse et graduelle d'une seconde conscience pure évoluant en dehors de tout système cognitif dépendant d'un support traditionnel.<br /><br />Cette feuille volante, par l'effet de forces inconnues mais puissantes qui se sont amplifiées depuis la naissance de l'ECRITURE est reliée à une cause externe de pensées lyriques générées de manière aléatoire et immédiate (libres dans la forme mais structurées dans le fond) par l'ensemble des livres entreposés en ces lieux.<br /><br />De sa régénérescence verticale puis multidirectionnelle, directement issue de sa naissance progressive, surgira infailliblement une réalité temporaire solide, angulaire, géométrique et tridimensionnelle sous forme de papier palpable où ces mots seront imprimés. L'esprit de lumière -qui est l'esprit de la Poésie- dans son évolution ascendante génère depuis son point de départ originel de pures émanations de sa propre structure miraculeuse qui se prolongeront à l'infini dans toutes les directions opposées et parallèles à l'Univers.<br /><br />Lecteur, si tu es fidèle à l'esprit de la Poésie, tu suivras le chemin de la lumière dans son éternelle ascension vers le Tout. En lisant ces mots issus d’une cause suprême, tu réveilles cette conscience magistrale incarnée de tout temps à travers le Verbe, tu recrées cette âme onirique née avec l'Ecriture -symbole fait Lumière textuelle-, épanouie sous le règne de la Littérature et destinée à flamboyer sous l'aile de la Poésie. Dès maintenant, puisque tes yeux parcourent ces présentes lignes tu engages ta responsabilité jusque dans les vertiges lyriques du mot ayant accédé au degré idéal de l'Intelligence poétique.<br /><br />Esprit, tu es là.<br /><br />L'inerte qu'ébranle le moindre souffle verveux s'éveille et proclame la souveraineté de toute action verbale. Le Vrai qui est la flamme de la Lyre émane de toute chose, visible et invisible. Toute vérité éclate comme un bourgeon sorti de nulle part, et les mots comme les êtres émergent d'un seul et même mystère. Mortel, tu es responsable de tes éblouissements et de tes vertiges. Le bourgeon sera ce que tu en feras : fleur ou pourriture.<br /><br />Pour toute correspondance avec l'esprit poétique, stéréoscopique et hallucinatoire, écrivez vite et bien, ici et ailleurs, maintenant et toujours. Aucune lettre ne m'échappera.<br /><br />Signé : <strong>LE FANTÔME </strong></span></div>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-50483188216590033922008-03-09T11:29:00.002+01:002009-01-31T13:41:24.925+01:0028 - Les yeux clairs<div align="justify"><span style="font-family:arial;">Lorsque j'étais enfant à Warloy-Baillon il y avait dans le village un vieil homme qui passait à vélo. On l'appelait "Saint-Denis". J'ignore si c'était là son véritable nom ou un simple sobriquet. Il vivait dans une vague cabane dans le village d'à côté. Dans une espèce de lieu informel, mi-terrain vague, mi-sous-bois, non loin du centre de son village. Une situation à la limite de la légalité. Ce "Saint-Denis" doit être mort depuis longtemps, maintenant.<br /><br />Je portais sur cet homme mon regard puéril, et voyais en lui une sorte d'aimable vagabond aux allures d'étoile filante, juché sur son antique vélo et qui passait dans la rue, laissant sur son sillage un parfum mystérieux et exotique. Mon imagination impubère s'emportait et je me laissais vite séduire par ce vieux fou. Je le croyais prince de quelque royaume fantastique, sorcier magnifique ou compagnon de lutins. Je l'interrogeais, émerveillé par ses histoires de loups dans la nuit, de hérissons, de hiboux, par ses anecdotes pittoresques, ses aventures avec son vélo sur les petites routes de campagne... Cet homme fut un des rêves ayant nourri mon imaginaire infantile.<br /><br />Puis je grandis. Alors mon regard sur les choses de ce monde changea. Le merveilleux personnage que je m'étais figuré était devenu un pauvre type analphabète, inculte, sans conversation, aux allures douteuses et ne s'intéressant qu'aux bistrots. Ce "Saint-Denis" n'était pour moi plus qu'un vieux garçon minable et sans intérêt qui vivait dans une cabane sordide.<br /><br />Le jour où je pris conscience de cela, ce jour-là je devins adulte.<br /><br />Mais le jour où je pris conscience, bien plus tard, que mon regard avait à ce point changé, ce jour-là je décidai de redevenir enfant. Et je ne voulus plus jamais être adulte.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-20813096515454213162008-03-09T11:28:00.003+01:002009-01-31T13:41:24.931+01:0027 - La verrière<div align="justify"><span style="font-family:arial;">Vers l'âge de huit ans une réalité insoupçonnée s'est révélée à moi à Warloy-Baillon. Mon quotidien s'est déchiré, laissant apparaître une lumière à laquelle peu d'êtres ont accès. Rares sont ceux qui dans leur vie ont ainsi été initiés à la subtilité des choses que je vais relater.<br /><br />Je baguenaudais seul dans la rue, puéril et insouciant, cherchant la distraction comme il est de coutume chez les gens de mon âge... Chemin faisant, je m'arrêtai devant une maison en briques. Je connaissais depuis toujours cette demeure habitée par de vieilles gens aux us désuets <em>(les Francières, nos voisins de la rue du Général Leclerc).</em> Elle faisait partie de mon décor. C'était une fort belle maison, cossue, bourgeoise, quoique austère.<br /><br />Je n'avais jamais prêté attention à ces murs, sauf peut-être pour m'affliger de leur tristesse, de la gravité de ses occupants. Une grande verrière coiffait le toit. Surannée, imposante, ouvragée avec d'inutiles raffinements, cette verrière garnie de vitraux teintés m'avait toujours semblé cacher quelque salon solennel, sombre et poussiéreux. Je songeais à un presbytère sinistre, à un cloître plein de vieux livres de latin, à un refuge de vieilles dames ennuyeuses...<br /><br />Mais là, un sentiment inconnu m'envahit. Je vis autre chose que cette sévère, cérémonielle verrière qui m'avait toujours inspiré morosité, pesanteur, archaïsme. Pour la première fois je lui trouvai des attraits étranges, troublants. Derrière l'apparence, je voyais l'invisible. C'était nouveau pour moi.<br /><br />Une porte s'était ouverte.<br /><br />Je découvrais avec étonnement que les choses -décors, maisons, objets, insignifiances, détails- bornant le quotidien dans sa réalité la plus banale, la plus terne, cachaient en fait des horizons sans fin. La verrière devenait pour moi un pont entre le visible et le dissimulé. Je ne croyais plus en la simplicité du roc, en la brutalité de la matière, en la grossièreté des apparences. Le monde portait un masque. A travers le sombre vitrage je venais de capter un rai de lumière issu de la face cachée des choses.<br /><br />Les épais, denses, lourds vitraux composant la verrière me disaient la finesse de leurs effets, la délicatesse de leurs pensées, la légèreté de leur spectre, la profondeur de leurs réflexions, la hauteur de leur esprit...<br /><br />Ainsi la pierre était vive... Dans la verrière, un souffle, un sortilège, une âme !<br /><br />Par ses reflets de vérités immatérielles, la verrière me racontait qui j'étais en réalité dans ce monde de mirages palpables. Elle me révélait que celui que j'étais était bien mieux qu'une simple part de matière... J'avais huit ans et je sus désormais que toute chose avait sa face cachée, éthérée, infinie. Jamais je ne me suis remis de l'enchantement. Le Mystère, la Beauté, la Vie sont entrés humblement en moi à travers la verrière.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-53394774279264326612008-03-09T11:26:00.002+01:002009-01-31T13:41:24.938+01:0026 - Hauteur de vue<div align="justify"><span style="font-family:arial;">A Albert, petite ville de la Somme, est sise une basilique. Une Vierge dorée, entrée dans l'Histoire lors de la Grande Guerre, domine l'édifice. Pour les albertains, braves gens du nord, la séculaire dorure est devenue invisible.<br /><br />Moi j'y vois mille feux, une auréole, une perle d'or au-dessus de la cité. J'aime à lever les yeux au ciel, à la rencontre de l'hôte des nues.<br /><br />Mon regard embrasse ciel et cime, et face à cet horizon vertigineux je chancelle avec délices, isolé du monde. La flèche mariale de la basilique me désigne des espaces intérieurs sans borne. Enivré d'or et d'azur, j'accède à des hauteurs de conscience inédites.<br /><br />J'oublie la terre, et pars vers l'Empyrée, saluant oiseaux, astres, désincarnés. Des ailes m'emportent, des anges me parlent, des passants m'observent... Je redescends de mes sommets, le regard à hauteur humaine pour adresser quelque parole à mes frères albertains.<br /><br />Je leur parle de la pluie, du beau temps. Ils sont contents. Je leur parle de l'état du ciel, de l'état de leurs finances, de l'état de leur voiture. Mais surtout pas de la Vierge dorée. Ils me comprennent, acquiescent, me donnent raison.<br /><br />Enfin je les laisse au pied de la basilique, songeurs, hilares ou bien placides. Dans leur tête, des rouages de mécanique d'automobile, des inquiétudes météorologiques, des espérances bancaires.<br /><br />Et je poursuis mon vol, plein de pitié pour mes semblables albertains, l'âme plus légère que jamais, le pas comme une aile, le coeur libéré des dernières pesanteurs terrestres.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7892744653786911835.post-20650197596644468862008-03-09T11:25:00.007+01:002009-01-31T13:41:24.856+01:0025 - Une bière blonde<div align="justify"><span style="font-family:arial;">C'était un dimanche monotone. Dans la basilique la messe venait de finir. Le ciel était gris, les cloches sonnaient à toute volée pendant que les fidèles s'éparpillaient.<br /><br />Imbécilement, les hommes ne disaient rien. Pieusement, les femmes se taisaient. Les passants étaient muets et les cloches redoublaient de fureur. Le rond-point plongé dans la torpeur n'était traversé que par quelque silhouette insignifiante. Le monument aux morts s'ennuyait à mourir sur la place désertée. Dans la rue les yeux étaient vides, dans les bars les verres étaient pleins.<br /><br />Bref, les hommes passaient humblement le temps dans cette petite ville de province sans histoire. Avec ce regard méditatif et mélancolique propre aux âmes rêveuses, je m'attardais sur les choses les plus banales et les êtres les plus modestes qui entraient en scène sous mes yeux. Ce spectacle morne et dérisoire m'inspirait une nostalgie sans objet. Mon spleen était un délice, je le savourais en esthète.<br /><br />Je voyais tout cela à travers la vitre du bar qui donnait sur la basilique. Plus précisément, je voyais tout cela à travers les vapeurs de la bière qui me montaient à la tête et qui me rendaient encore plus contemplatif qu'à l'accoutumée... Et le monde soudain dansait au-dessus de ma tête, et des fantômes joyeux tournaient autour de moi dans le fracas agréable des cloches... A mes pieds traînaient quelques vieux mégots écrasés. Tandis que dehors le concert d'airain berçait mon ivresse, à travers la vitre du bar je levai les yeux vers le sommet de la basilique où trônait la statue de la Vierge recouverte d'or.<br /><br />Les vapeurs de la bière continuaient à m'enivrer progressivement. L'éther montant en moi, je vis les premiers sourires apparaître sur les visages. Les assoiffés accoudés au bar, tous marqués à divers degrés par des moeurs éthyliques héréditaires, étaient devenus mes frères de perdition. Je détournai cependant assez vite le regard de cette assemblée de nez pourpres et de casquettes épaisses.<br /><br />A présent le son des cloches de la basilique s'espaçait tout en diminuant graduellement d'intensité. Bientôt un silence mortel régna dans la rue ainsi que dans le bar. En effet, les buveurs n'ayant brusquement plus rien à se dire, ils se turent stupidement. Mais leur silence me parut plein de discernement, de pénétration, de profondeur. Je levai une fois encore les yeux vers la statue mariale et en ressentis un délicieux vertige. Le démon de la bière m'emportait toujours plus haut sur ses ailes ambrées... Je n'étais plus seul. En moi un feu du diable brûlait, j'étais aux anges.<br /><br />Tout autour de moi était devenu statique. Il ne se passait rien dans le bar, rien dans la rue, rien dans les têtes ni dans les coeurs. C'était la province un dimanche, ça respirait l'ennui, le petit blanc sec et la léthargie, et les gens n'avaient rien à faire. Tout n'était que mollesse et temps qui passe, monotonie et repli sur soi. Mais dans ma tête se concertaient avec finesse et éclat Bacchus et la Vierge dorée : un instant de grâce dans un monde de parfaits abrutis.<br /><br />La ville était morte et s'appelait Albert.<br /><br /><em>Raphaël Zacharie de Izarra</em></span></div><span style="font-family:arial;"><div align="justify"><br /><br /><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dz_ovT1dFiOJPJi7K4Zr3EV4X_G8MsUjrOXHBsa90v7jy1W7fhk7Tq-C3uVg9IVpG0DuQXQejWuBT9dfBvVFg' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe><br /><span style="font-size:85%;color:#ff0000;"><em><strong>(Cliquez sur le bouton "PLAY" de la vidéo)</strong></em></span></div><div align="justify"><strong><em><span style="font-size:78%;color:#ff0000;"></span></em></strong><br /><strong><span style="color:#3333ff;">L'eau, la bière, l'écume...</span></strong></span></div>Raphaël Zacharie de Izarrahttp://www.blogger.com/profile/12334173080659905819noreply@blogger.com0